dimanche, janvier 20, 2008

Le discours du Don Corleone (III)

« Quel genre d’individu serions-nous si nous ne pouvions pas obéir à la raison ? nous ne vaudrions pas plus que les bêtes de la jungle, s’il en était ainsi. Mais nous sommes raisonnables, nous pouvons raisonner les uns avec les autres et nous raisonner nous-mêmes. Dans quel but déchaînerais-je tous ces tracas, ces violences, ce chaos ? Mon fils est mort et c’est un malheur. Mais je dois l’endurer sans en faire pâtir le monde innocent qui m’entoure. Je vous donne donc ma parole d’honneur que je ne chercherai pas à me venger. Je chercherai jamais à en apprendre plus sur les évènements qui viennent de se dérouler et je quitterai cette salle le cœur pur. »
« Je tiens à vous dire que nous devons toujours nous soucier de nos intérêts. Nous avons tous refusé d’être les jouets, les marionnettes dansant au gré des gros personnages qui tirent les ficelles. La fortune nous a souri dans ce pays. Déjà la plupart de nos enfants mènent une vie meilleure. Certains d’entre vous ont des fils professeurs, savants, musiciens. Vous avez de la chance ! Nos petits- enfants sont peut être destinés à devenir les pezzonovanti de l’avenir. Aucun d’ente nous n’a envie de voir ses enfants mener la même vie que nous. Elle est trop dure. Ils pourront vivre comme les autres Américains parce que notre courage aura assuré leur situation et leur sécurité . J’ai des petits-enfants et j’espère que leur enfants seront peut être- qui sait ?- gouverneurs, voir Président ! Rien n’est impossible ici, en Amérique. Mais il faut suivre les progrès de notre temps. Celui des pistolets, des meurtres et des massacres est révolu. Désormais nous devons être aussi astucieux que les gens d’affaires. Nous y gagnerons plus d’argent et ça vaudra mieux pour nos descendants.
« Au sujet de ce que nous avons fait ?… Nous n’avons à pas à rendre compte au gros calibres, aux pezzonovanti qui se permettent de décider ce que nous devrions faire de notre vie, qui déclarent la guerre à leur fantaisie et voudraient que nous combattions pour protéger leur biens. Qui oseraient prétendre que nous devons obéir à des lois faites dans leur intérêt et à notre détriment ? A quel titre oseraient-ils nous empêcher de veiller à nos propres intérêts ? Sonna cosa nostra. » Don Corleone disait : « Ce sont nos affaires. » Nous régirons notre monde pour nous-mêmes parce que c’est notre monde : cosa nostra.
Il importe donc avant tout que bous nous tenions les coudes pour nous défendre contre les intrus. Sinon, ils nous passeront un anneau dans le nez comme ils l’ont fait à des millions des Napolitains et autres Italiens de ce pays .
« Voilà la raison pour laquelle j’abandonne toute idée de venger mon fils mort. J’agis ainsi pour le bien commun. Je jure à cet instant que nous ne lèverons pas un petit doigt contre aucun de ceux qui sont présents dans cette salle, sauf provocation évidente, tant que je serai responsable des actes de ma famille. Je vais même jusqu’à mettre en jeu les intérêts de ma famille pour les besoins de tous. Je vous en donne ma parole. J’en faits un point d’honneur. Il y en a parmi vous qui savent que je n’ai jamais trahi ni l’un ni l’autre.
« Mais j’ai aussi un intérêt égoïste . Accusé de meurtre de Sollozzo et d’un capitaine de police, mon plus jeune fils a été obligé de d’enfuir. Je dois maintenant prendre des dispositions pour qu’il rentre sain et sauf au sein de ma famille, lavé de cette accusation fallacieuse. J’en fais mon affaire et c’est à moi qui prendrai ces mesures. Peut être devrais-je trouver les vrais coupables, peut être pourrais-je convaincre les autorités de son innocence, peut-être témoins et indicateur reviendront-ils sur leurs mensonges, mais je vous répète que ça me regarde et je crois que je m’en débrouillerai.
« Pourtant, permettez moi de vous dire ceci : je suis superstitieux. C’est un travers ridicule, mais je dois vous l’avouer. Par conséquent, s’il advenait quelque accident malheureux à mon plus jeune fils, si un quelconque policier l’abattait, même involontairement, s’il se pendait dans sa cellule, s’il se présentait de nouveau quelqu’un pour témoigner contre lui, ma superstition me suggérait que cet inconvénient est dû à la malveillance de quelqu’un qui se trouve ici dans cette pièce. J’irai plus loin: Si la foudre frappait mon fils, je m’en prendrai à l’un de vous. Si son avion tombait dans la mer, si son bateau coulait au-dessous des vagues de l’océan, s’il contractait quelque fièvre mortelle, si un train écrasait son automobile, je suis tellement superstitieux que j’en rendrais responsable l’un de vous. Messieurs, cette malchance, cette malveillance, je ne les pardonnerais jamais. Ayant précisé cela, je jure sur l’âme de mes petits-enfants que je ne romprai jamais la paix que nous venons de conclure. Après tout sommes-nous ou ne sommes-nous pas meilleurs que les pezzonovanti responsables du massacre de millions d’êtres humains au cours de notre existence ? »

1 commentaire:

FarFar a dit…

Voila j'ai eu cette idée de pulier ces trois textes en remarquant que la majorité ont regardé le film culte le Parrain mais rare qui ont lu le livre de Mario Puzo

A mon avis si le roman de Mario Puzo n'était pas un chef d'oeuvre le film n'aurait pas tout ce succées à part biensur la prestation exeptionnelle de Marlon Brando dans le role du Parrain

Je pense que ces trois textes résument l'idée générale de ce recueil.. même ceux qui n'ont jamais regardé le film comprendront de quoi il s'agit